Search
Plasmodium vivax sporozoites

Plasmodium vivax et la résistance au traitement

Alors que la résistance aux médicaments de Plasmodium falciparum est assez bien comprise, celle développée par Plasmodium vivax reste parsemée de nombreuses zones d'ombres, en particulier concernant son ampleur et sa nature.

Le paludisme à Plasmodium vivax touche environ 14 millions de personnes chaque année. La plupart de ces cas sont concentrés dans la région Asie-Pacifique où plus de 2,2 milliards de personnes courent le risque d'être infectées. Depuis 1960, seuls six pays d'Asie Pacifique ont été certifiés exempts de paludisme : Taiwan (1965), Australie (1981), Singapour (1982), Brunei (1987), Maldives (2015) et Sri Lanka (2016).

D'autres régions sont parvenues à réduire considérablement la charge de morbidité du paludisme. Et ce, grâce à l'augmentation de l'engagement politique, à un meilleur accès aux diagnostics, à des traitements efficaces contre le paludisme et aux moustiquaires. En conséquence, 22 pays de la région Asie-Pacifique ont publiquement fixé comme objectif l'élimination du paludisme dans leur région d'ici 2030.

Plasmodium vivax : plus difficile à éliminer

P. vivax demeure endémique dans 51 pays à travers l'Amérique centrale et l’Amérique du Sud, dans la Corne de l'Afrique, l'Asie et les îles du Pacifique. Dans la plupart des régions, il est co-endémique avec P. falciparum, qui a été l'espèce prioritaire ciblée par les programmes nationaux de lutte contre le paludisme. Les décès liés au paludisme sont en grande partie attribuables à l’espèce P. falciparum, plus pathogène, mais au cours de la dernière décennie, ces cas ont diminué, tandis qu’il y a eu une augmentation régulière de la proportion de cas de paludisme à P. vivax.

Plusieurs facteurs expliquent ce constat.  P. vivax peut être difficile à détecter car il est généralement présent en faible concentration dans la circulation sanguine. Il peut être présent et en mesure d'infecter le moustique vecteur, même si la personne n'affiche aucun symptôme. P. vivax peut rester dormant dans le foie d'une personne avant de se réveiller plusieurs semaines, voire plusieurs mois, après la première infection et causer une rechute de paludisme symptomatique.

Dans de nombreuses régions, le traitement habituel à base de chloroquine n'est plus efficace à cause de la résistance de P. vivax au traitement [2]. Cela se manifeste par des échecs de traitement et des rechutes. Ces épisodes récurrents de P. vivax peuvent provoquer une anémie grave puis entrainer la malnutrition, des maladies chroniques et même la mort [3-4]. Le nombre de rechutes et leur fréquence varient considérablement selon les régions. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la revue de la littérature consacrée à la primaquine de WWARN.

Mise en place d’un traitement radical

Pour traiter radicalement le paludisme à P vivax, il faut associer des médicaments actifs contre les stades sanguins du parasite et contre les stades dormants dans le foie. La primaquine est le seul médicament antipaludique disponible à grande échelle qui cible les stades hépatiques du cycle du paludisme et qui est donc capable de réduire le risque de récurrence du paludisme (ou rechutes) [5]. Cependant, l'utilisation généralisée de la primaquine est limitée par le risque de déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénase (G6PD). C'est l'une des maladies génétiques les plus courantes. Elle peut toucher jusqu'à 40 % de certaines populations. Les personnes atteintes de déficit en G6PD présentent un risque d'éclatement des globules rouges.

Jusqu'à récemment, il y a eu un manque de diagnostics fiables pour déterminer ce déficit enzymatique, et il existe également des préoccupations concernant l'hémolyse liée au médicament. En conséquence, les fournisseurs de soins de santé sont réticents à prescrire ce médicament, et les patients sont peu susceptibles d'adhérer à un traitement complet. Les patients à qui l’on a prescrit de la primaquine respectent souvent mal le schéma posologique prolongé de 14 jours. Notre incapacité à fournir un traitement radical sûr et efficace est l'un des principaux facteurs qui entravent le contrôle et l'élimination du parasite.

Émergence de souches de Plasmodium vivax résistantes au traitement

Bien que la résistance aux médicaments ait forcé la plupart des pays d'endémie palustre à abandonner la chloroquine pour lutter contre le paludisme à P. falciparum, ce médicament reste le traitement antipaludique de première ligne contre P. vivax. Cette stratégie est désormais menacée par l'émergence et la propagation de souches de P. vivax résistantes à la chloroquine [2, 6-7]. P. vivax a également développé une résistance à la sulfadoxine-pyriméthamine et potentiellement à d'autres antipaludiques comme la méfloquine.

Cependant, parce qu'il est difficile de diagnostiquer les souches de P. vivax résistantes aux médicaments, les stratégies de détection et de suivi de ces souches résistantes sont limitées [8]. Dans ce contexte, il est vital de développer de meilleurs outils d’évaluation de l'efficacité et de la sensibilité aux médicaments antipaludiques afin de suivre toute émergence de résistance et d’explorer de nouvelles stratégies de traitement.

Vous pouvez consulter une revue de la résistance de Plasmodium vivax à la chloroquine.

Sites Web connexes :

References:

  1. Anstey NM, Douglas NM, Poespoprodjo JR, Price RN (2012) Plasmodium vivax: clinical spectrum, risk factors and pathogenesis. Adv Parasitol 80: 151-201.
  2. Price RN, Douglas NM, Anstey NM (2009) New developments in Plasmodium vivax malaria: severe disease and the rise of chloroquine resistance. Curr Opin Infect Dis 22: 430-435.
  3. Price RN, Tjitra E, Guerra CA, Yeung S, White NJ, et al. (2007) Vivax malaria: neglected and not benign. Am J Trop Med Hyg 77: 79-87.
  4. Rieckmann KH, Davis DR, Hutton DC (1989) Plasmodium vivax resistance to chloroquine? Lancet 2: 1183-1184.
  5. Baird JK, Basri H, Purnomo, Bangs MJ, Subianto B, et al. (1991) Resistance to chloroquine by Plasmodium vivax in Irian Jaya, Indonesia. Am J Trop Med Hyg 44: 547-552.
  6. Price RN, Auburn S, Marfurt J, Cheng Q (2012) Phenotypic and genotypic characterisation of drug-resistant Plasmodium vivax. Trends Parasitol 28: 522-529.